Semer le bon grain
C’est connu: les oiseaux frugivores contribuent, grâce à leurs fientes, à la dispersion des graines de nombreux végétaux.
Également démontré scientifiquement est l’effet de la scarification que subissent certaines graines lors du passage dans le système digestif aviaire et qui augmente leur perméabilité à l’eau et aux nutriments une fois qu’elles sont retournées au sol. Or ce transit intestinal affecte-t-il la sensibilité des graines aux variations d’intensité lumineuse ? Voilà la question à laquelle ont tenté de répondre des biologistes de l’Université de Susquehanna, en Pennsylvanie.
C’est en récoltant des graines de la phytolaque d’Amérique — une plante aux abondants fruits noirs charnus — parmi les excréments d’oiseaux et en les faisant germer sous différents niveaux d’éclairage (faible, moyen, intense) que les scientifiques ont fait une observation inattendue: alors que les graines du groupe contrôle, récoltées des fruits, présentent un taux de germination croissant selon l’intensité lumineuse (48 %, 60 %, 72 %), les graines provenant des déjections ne montrent pas de différence notable en fonction de la lumière (82 %, 76 %, 81 %), germant même à un taux plus élevé que les graines du groupe contrôle. L’étude suggère que le transit intestinal est apte à réduire la sensibilité des graines à la lumière, ce qui pourrait se traduire par une croissance vigoureuse de plantes lorsque leurs graines sont dispersées par les oiseaux dans des milieux ombragés.
Source : Botany, avril 2023
Crédit photo: Wikimedia Commons