Un coléoptère glouton

La succession écologique d’insectes nécrophages sur la carcasse d’un animal suit généralement une séquence relativement bien définie.

Dans le cas d’un corps humain retrouvé à l’extérieur, les enquêteurs médico-légaux sont ainsi en mesure d’établir le moment du décès. Cependant, des scientifiques de l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick, ont démontré que Necrodes surinamensis, un coléoptère nécrophage indigène, peut bouleverser la séquence successorale usuelle. Cette observation, une première en Amérique du Nord, soulève d’intéressantes questions.

En déployant des carcasses porcines en nature, les chercheurs ont noté, comme attendu, l’arrivée initiale de mouches à viande et la ponte de leurs oeufs. Or, d’une manière encore jamais documentée, N. surinamensis est apparu par centaines sur les carcasses. Se nourrissant d’abord des larves de mouches, ces insectes ont ensuite pondu leurs propres oeufs dont les larves, par milliers, ont provoqué l’extinction locale des espèces compétitrices et dévoré les chairs porcines jusqu’aux os, éliminant les ressources nécessaires au cycle de vie des espèces nécrophages subséquentes. Gaétan Moreau, directeur de l’étude, précise: « L’intense activité du coléoptère donne l’impression que les restes ont été altérés par des charognards — renards ou coyotes — et sont en décomposition depuis plus longtemps qu’ils ne le sont en réalité. Les enquêteurs nord-américains, et ceux d’autres pays où les coléoptères du genre Necrodes existent, devront être attentifs aux signes de présence de ces insectes afin d’éviter toute erreur d’interprétation. »

Source : Forensic Science

Crédit photo: Gaétan Moreau, Université de Moncton