Ours noir, ours canelle
Contrairement aux petits mammifères proies chez qui la teinte variable de la toison est décrite comme un moyen de camouflage, les forces évolutives liées à la couleur du pelage des prédateurs sont moins faciles à discerner.
Comment expliquer, par exemple, que de nombreux ours noirs en Amérique du Nord exhibent un pelage de couleur cannelle, et ce, plus fréquemment dans le sud-ouest que dans l’est ? C’est ce que des chercheurs états-uniens ont tenté d’élucider. Les scientifiques ont d’abord mesuré la réflectance du poil de près de 330 individus à travers le continent afin de départager de manière quantitative le pelage noir du pelage cannelle. Ensuite, le séquençage du génome de 150 individus cannelle a permis d’identifier chez eux une mutation dans un gène lié à la pigmentation. L’analyse génétique des populations d’ours noirs, jumelée à un modèle démographique, suggère également que cette mutation serait apparue il y a 10 000 ans dans le sud-ouest des États-Unis, où elle s’est maintenue, croient les scientifiques, en conférant un avantage de thermorégulation — en reflétant mieux la lumière solaire — dans le climat chaud de cette région méridionale. Cette mutation serait par ailleurs toujours en propagation chez les ours noirs nord-américains, rendant probable que des bêtes au pelage cannelle soient observées de plus en plus fréquemment dans l’est du pays.
Source : Current Biology, janvier 2023
Crédit photo: Wikimedia Commons