Défaite en prolongation
L’érythrone d’Amérique est une plante à bulbe des sous-bois de feuillus dont les feuilles se déploient très tôt au printemps, profitant au maximum de la lumière solaire avant de flétrir quand le mercure se met à monter.
C’est qu’à l’instar de nombreuses plantes hâtives, l’érythrone est bien adapté aux fraîches journées printanières dont il tire avantage pour accroître le volume de son bulbe qui produira sa première fleur après 7 à 10 ans. Des biologistes du Centre d’étude de la forêt de l’Université Laval ont voulu mieux comprendre la relation entre le développement du bulbe et la longévité des feuilles, compte tenu des printemps qui se réchauffent en raison du changement climatique.
En prolongeant artificiellement la durée de vie des feuilles de plants d’érythrones en laboratoire à l’aide de régulateurs de croissance, les scientifiques ont noté qu’une plus longue survie du feuillage n’affecte pas la taille finale des bulbes sous un régime de températures typique de la fin du printemps. Line Lapointe, auteure principale de l’étude, explique : « Dans ces conditions, un important feedback inhibe la photosynthèse des feuilles et augmente la respiration du bulbe, le tout se traduisant par un ralentissement de la croissance de ce dernier en fin de saison. » Les chercheurs soulignent que des printemps plus chauds risquent d’affecter l’accumulation d’énergie dans le bulbe, entrainant une réduction de sa croissance et une floraison encore moins fréquente, et ce, peu importe la durée de l’intervalle ensoleillé entre la production des feuilles de la plante et celles du couvert forestier.
Source : Journal of Experimental Botany, octobre 2022
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