Blanc sur fond sombre

Le réchauffement climatique, en retardant l’arrivée de la neige à l’automne et en accélérant sa fonte au printemps, pose un défi aux animaux dont la toison change de couleur pour mieux s’harmoniser à l’environnement.

Dans les milieux nordiques, nombre de lièvres d’Amérique se voient ainsi vêtus de blanc avant même que la neige ne couvre le sol. Des biologistes de différents établissements à travers le pays, dont l’Université McGill, ont cherché à savoir si ce décalage est préjudiciable à la survie de ces lagomorphes qui, durant quelques semaines, sont dépourvus d’un camouflage efficace.

En étudiant une population de lièvres d’Amérique du sud-ouest du Yukon de 2015 à 2018, les chercheurs ont découvert qu’en automne, le taux de mortalité des lièvres blancs de cette région était moindre que celui des lièvres gris, malgré un pelage les rendant aisément visibles aux prédateurs. Ce résultat inattendu s’expliquerait par le fait que la fourrure blanche, plus longue et dense, assure une protection accrue contre le froid, permettant à ces individus d’abaisser leur demande calorique et de s’exposer moins longtemps que leurs congénères de couleur grise pour se nourrir, surtout lors de froides journées automnales. Cette thermorégulation bénéfique compenserait, en automne, un camouflage inadéquat. Les chercheurs notent cependant que les températures à la hausse risquent éventuellement d’annuler cet atout et qu’une meilleure compréhension des effets de ces décalages morphologiques est essentielle en vue de prédire les conséquences du climat changeant sur ces espèces.

Source : Ecology, octobre 2022

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