Ce que cache le collier

Le marquage d’oies sauvages à l’aide de colliers est employé depuis longtemps et a permis d’apprendre beaucoup sur ces oiseaux migrateurs.

Jugé comme un inconvénient mineur pour la grande oie des neiges, le collier ne lui causerait qu’un stress relativement faible. Or des chercheurs des universités Laval et de Montpellier ainsi que du Service canadien de la faune ont voulu évaluer son effet à long terme, notamment quand les oies sont soumises à un autre stress important: la chasse. C’est en examinant le taux de survie de plus de 20 000 oies sur une période de 30 ans — un intervalle pendant lequel la chasse a été libéralisée à deux reprises, en 1999 au Canada et en 2009 aux États-Unis — que les scientifiques ont noté une synergie nuisible entre l’effet du collier et celui de la chasse. Frédéric LeTourneux, auteur principal de l’étude, explique: «Si la survie des oies avec et sans collier était similaire entre 1990 et 1998, la survie des oies avec collier était inférieure à celle des oies sans collier entre 1999 et 2008, et cette tendance s’est accentuée après la seconde intensification de la chasse en 2009. Les indices dont nous disposons laissent penser que le cumul de ces facteurs de stress a réduit la condition physique des oies portant un collier au point d’augmenter leur vulnérabilité à différentes causes de mortalité.» En outre de recommander l’arrêt du marquage par collier de l’oie des neiges, l’équipe incite les biologistes à surveiller l’effet des marqueurs fauniques qu’ils utilisent, particulièrement au regard des conditions environnementales changeantes.

Source: Journal of Applied Ecology, août 2022

Crédit photo: Frédéric Dulude-de Broin