Quelque part au Groenland
La banquise, sur laquelle chasse l’ours blanc, est en déclin.
Ayant à composer avec une mer sans glace durant un cycle de plus en plus prolongé, l’ursidé doit jeûner, parfois jusqu’à 180 jours, au péril de sa vie. Or des chercheurs d’institutions et d’universités au Groenland, aux États-Unis, en Norvège, au Danemark et au Canada rapportent l’existence d’une sous-population d’ours blancs du sud-est groenlandais aptes à survivre à une mer qui, à cet endroit, est libre de glace pendant au moins 250 jours. Comment ce prédateur subsiste-t-il dans un tel environnement?
En analysant des données cumulées sur une période de 36 ans, l’équipe a d’abord établi que ces ours blancs forment le groupe le plus génétiquement isolé de l’Arctique, la configuration singulière de la région limitant leurs déplacements de même que les contacts avec leurs congénères du sud et du nord-est. Ces ours tirent toutefois avantage de cette topographie. Kristin Laidre, auteure principale de l’étude, commente: «Durant l’intervalle de juin à janvier où la mer est libre de glace dans ce secteur, les ours utilisent les étendues d’eau douce qui gèlent à l’avant des glaciers comme plateforme pour débusquer les phoques, alors qu’ailleurs dans l’Arctique, ils doivent gagner la terre ferme ou suivre la banquise.» C’est que de telles plateformes d’origine glaciaire et riches en proie sont peu fréquentes, bien qu’elles existent au Groenland et au Svalbard. Les chercheurs jugent qu’elles pourraient jouer un rôle important pour l’espèce en permettant à un nombre restreint d’ours de survivre près d’une mer dépourvue de glace.
Source : Science, juin 2022
Crédit photo: Wikimedia Commons