La voie du salut

Les chemins forestiers peu fréquentés ou désuets profitent au loup, à l’ours de même qu’à l’original, chacun y trouvant un moyen d’accéder plus aisément à de la nourriture.

Le caribou, quant à lui, en tire peu ou pas d’avantages, étant victime de la prédation du canidé et de l’ursidé, tous deux attirés par la présence accrue des orignaux. Des biologistes des universités du Québec à Rimouski et à Montréal ont cherché à cerner plus précisément les facteurs incitant ces animaux à utiliser de tels corridors. Les chercheurs ont placé des caméras le long de chemins forestiers abandonnés situés dans la réserve faunique des Laurentides ainsi qu’au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord — deux régions abritant des populations de caribous — et ont comptabilisé les passages de loups, d’ours et d’orignaux. En liant la fréquentation de ces routes à l’environnement immédiat, des tendances se dégagent, comme l’explique Martin-Hugues St-Laurent, directeur de l’étude: «Les loups empruntent plus souvent les chemins en zones humides à faible densité de couvert végétal latéral. Les ours privilégient des routes de moins de 10 ans, là où les repousses conviennent mieux à leur diète végétale. Les orignaux, pour leur part, favorisent les chemins âgés de 11 à 20 ans menant à des lieux de coupes du même âge, qui leur procurent un habitat convenable.» La  caractérisation des chemins les plus fréquentés par les loups, les ours et les orignaux permet d’identifier ceux à rendre moins attrayants à ces espèces, de façon à guider les efforts de restauration de l’habitat du caribou.

Source: Forest Ecology and Management, avril 2022

Crédit photo: Simon Théberge