Vers de terre s’abstenir
En milieu agricole, les vers de terre sont généralement bienvenus : ils aèrent le sol, en améliorent le drainage et stimulent le recyclage des nutriments.
Or là s’arrête leur favorable réputation. Lors de la colonisation européenne, nombre d’espèces exotiques sont débarquées en Amérique du Nord et ne cessent depuis d’envahir les forêts tempérées, où leur action sur le sol accroît les pertes en carbone et, par la bande, les émissions de CO2. Comme le réchauffement climatique leur permet déjà d’atteindre des latitudes plus hautes, des chercheurs du Centre de foresterie des Laurentides et de l’Université de l’Alberta ont voulu savoir comment les vers de terre affecteront les sols de la forêt boréale, le plus vaste réservoir de carbone terrestre du monde. En effectuant leur examen là où il est possible d’identifier, sur un même site, des secteurs envahis ou non par les vers de terre dans les écozones du Bouclier boréal (au Québec) et des Plaines boréales (en Alberta), les scientifiques ont constaté des changements comparables à ceux enregistrés dans la forêt tempérée. Justine Lejoly, auteure principale de l’étude, précise: «L’invasion par les vers de terre mène à une diminution de l’épaisseur du lit forestier et au remaniement du sol minéral de surface. Fait à noter, des disparités entre les deux écozones confirment l’importance d’inclure des types de sols différents puisque l’influence de ces fouisseurs dépend, entre autres facteurs, du pH du sol, de même que du climat et de la végétation.» Des recherches subséquentes seront nécessaires afin de mieux cerner l’effet des vers de terre en zone boréale.
Source : Geoderma, décembre 2021
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