Parasitisme familial

Les femelles du harle huppé reviennent généralement pondre sur les sites de nidification où elles ont vu le jour. Le parasitisme de couvée conspécifique étant un trait de l’espèce, la ponte dans le nid d’une proche parente est dès lors une éventualité. Ce type de parasitisme n’est pas forcément néfaste : la femelle hôte élève des canetons avec lesquels elle partage des gènes pendant que la femelle parasite accroît sa progéniture. Des chercheurs des universités McGill et Sainte-Anne se sont néanmoins demandé si le haut taux de parasitisme du harle était vraiment lié à l’avantage que procure un lien de parenté.

En étudiant une colonie de harles huppés dans le parc national Kouchibouguac, au Nouveau-Brunswick, l’équipe a démontré, à l’aide d’un modèle mathématique, qu’un hôte ayant pondu de 8 à 11 oeufs gagne, au regard de la diffusion de gènes, à accepter quelques oeufs de sa mère, d’une soeur ou d’une fille. Par contre, si l’hôte a pondu plus de 11 oeufs, les oeufs additionnels d’une femelle parente mettent en péril le succès de la couvée, sans compter que des femelles non apparentées ajouteront peut-être à la charge. Kristen Noel, auteure principale de l’étude, explique : « À la lumière des prédictions du modèle, il semble que la sélection naturelle favorise la femelle qui évite de pondre chez une parente afin de diminuer le coût du parasitisme pour l’hôte et pour elle-même. » L’équipe entend confirmer cette hypothèse sur le terrain après avoir bagué, pendant près de cinq ans, des individus à la parenté connue.

Source: Revue canadienne de zoologie, juin 2021

Crédit photo: Shawn Craik, Université Sainte-Anne