Péril en la tanière
Le changement climatique oblige la faune à s’adapter à de nouveaux défis.
En ce qui concerne le renard arctique, le réchauffement rapide de son habitat se traduit par l’altération de sa tanière due au dégel du pergélisol. Dans quelle mesure cela représente-t-il une menace pour l’espèce ? C’est la question sur laquelle se sont penchés des chercheurs des universités de Montréal et du Québec à Rimouski en observant pendant plusieurs années une centaine de tanières situées sur l’île Bylot au Nunavut. En évaluant la vulnérabilité des tanières à divers aléas géologiques reliés au climat changeant — tassement au dégel, mouvements de masse et érosion —, l’équipe conclut qu’il n’y a pas de risque majeur pour la survie de l’espèce sur l’île dans les prochaines décennies. Florence Lapierre Poulin, auteure principale de l’étude, précise: «Parmi les 106 tanières étudiées, seulement 14% ont été classées comme très vulnérables. À l’autre extrémité du spectre, 69% sont jugées faiblement vulnérables.» S’il est probable que certains de ces gîtes subiront des modifications, forçant parfois leur abandon temporaire ou permanent, la perte pourrait être compensée par le surplus de tanières disponibles puisque leur nombre dépasse celui des couples reproducteurs. Ces conclusions sont néanmoins spécifiques à l’île Bylot, et les scientifiques estiment qu’il est d’intérêt d’appliquer leur méthode d’analyse à d’autres portions de l’aire de répartition de ce renard où le pergélisol présente des propriétés différentes.
Source : Science arctique, février 2021
Crédit photo: Florence Lapierre Poulin