Bon débar…RATS!

Sur les îles de taille modeste, les conséquences néfastes de l’introduction d’espèces envahissantes sont plus aiguës, le milieu ne disposant que de moyens naturels limités pour s’adapter aux contrecoups d’une invasion.

C’est le cas de l’île Hawadax, dans l’archipel des îles Aléoutiennes, qui fut longtemps surnommée l’île aux Rats depuis qu’y débarqua, lors d’un naufrage au XVIIIe siècle, le nuisible rongeur. Bien qu’un programme d’éradication l’en ait chassé en 2008, les dommages qu’il a causés se sont-ils aujourd’hui résorbés? Oui, et relativement rapidement, selon les observations de chercheurs états-uniens.

Avant 2008, les rats décimaient les nids des limicoles et des laridés, des oiseaux se nourrissant, entre autres, d’invertébrés herbivores. Ces derniers, profitant du déclin aviaire pour accroître leurs effectifs, dégarnissaient d’algues bénéfiques les zones intercotidales, détruisant le riche écosystème algal. En recensant en 2013 les différents acteurs de cette chaîne alimentaire perturbée, les scientifiques ont constaté qu’en cinq ans, le nombre d’huîtriers de Bachman et de goélands à ailes grises avait plus que doublé tandis que les populations d’invertébrés, tels les isopodes et les moules, avaient chuté de 90%. En 2019, un second recensement a indiqué que les oiseaux de rivage avaient regagné leur statut de prédateurs dominants et les algues prospéraient à nouveau. Ces résultats démontrent qu’il est possible, dans un temps assez court, de remettre sur pied un écosystème natif à la suite du retrait d’une espèce envahissante.

Source : Scientific Reports, mars 2021

Crédit photo: Huîtrier de Bachman, Wikipédia