Des coupures à long terme

Les excès de CO2 dans l’atmosphère bouleversent les écosystèmes, et bien comprendre les mécanismes naturels de stockage du carbone demeure un objectif environnemental.

Le sol forestier constitue un vaste réservoir de cet élément, mais encore faut-il saisir les conséquences à long terme de la gestion des forêts sur sa capacité à l’emmagasiner. Où mieux réaliser un tel examen que dans la Forêt expérimentale de Petawawa, en Ontario, la doyenne en ce genre au pays? Depuis 1918, des éclaircies forestières dans une pinède y ont été effectuées à six reprises. À partir d’échantillons récoltés en 2005 dans différentes strates du terreau, des chercheurs des universités Laval et du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) en ont récemment quantifié le carbone et ont comparé les niveaux à ceux d’une pinède adjacente non perturbée. Les résultats montrent que les éclaircies répétées ont réduit le contenu en carbone des couches superficielles du sol — débris organiques et humus —, la cause possible étant une pénétration solaire accrue qui favorise la décomposition, tandis qu’entre 15 à 30 cm sous la surface, le carbone est présent en quantité plus importante que dans la pinède contrôle. Vincent Poirier, coauteur de l’étude, précise cependant: «Bien que le carbone s’accumule davantage en profondeur à la suite des perturbations, la quantité totale dans le sol est moins élevée de 35% relativement à la pinède témoin.» L’équipe suggère que les sols des forêts longtemps exploitées de manière intensive dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent pourraient avoir vu chuter leur capacité à stocker le carbone.

Source: Revue canadienne de recherche forestière, décembre 2020

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