Des couloirs sécuritaires
Les passages à petite faune qui parsèment les routes en forêt permettent à une variété de bestioles de traverser le chemin en toute sécurité.
Or une hypothèse veut que les prédateurs profitent de ces goulots pour pister ou embusquer leurs proies. Afin de déterminer si tel est le cas, des chercheurs de l’Université Concordia ont installé, sur une période de quatre ans, des caméras automatiques dans 17 passages situés sur un tronçon de la route 175, dans la réserve faunique des Laurentides. En identifiant la bête qui déclenche l’obturateur et en l’associant au prochain animal qui emprunte le passage, les scientifiques ont conclu que les séquences où une proie — micromammifère, marmotte, rat musqué ou lièvre — est suivie par un prédateur — vison, belette ou renard roux — n’étaient pas plus fréquentes, sinon moins, que celles où une proie est suivie d’une autre proie. Si les prédateurs ciblaient leurs proies en utilisant ces corridors, l’occurrence de séquences proie-prédateur aurait dû augmenter avec l’abondance dans les parages du chasseur et de sa victime potentielle, mais cette relation s’est avérée inexistante. En fait, aucune des prédictions en lien avec ces passages agissant tel un guet-apens n’a été confirmée par l’étude, comme l’explique April Martinig, actuellement doctorante en sciences biologiques à l’Université de l’Alberta et auteure principale de l’étude: «Les résultats montrent bien qu’une de nos plus vives préoccupations voulant que les prédateurs s’attaquent à leurs proies dans ces couloirs n’est pas un problème aussi important que nous le pensions.»
Source : Scientific reports, juillet 2020
Crédit photo: April Martinig