L’odeur du plastique

Les océans sont la destination ultime d’une quantité inouïe d’objets de plastique.

Chaque année, une dizaine de millions de tonnes en prennent le chemin. Outre le danger pour les animaux marins de s’empêtrer dans ces détritus, la plupart, bien malgré eux, les absorbent sous forme de microplastique. D’autres, comme les tortues marines, recherchent activement bouteilles, bouchons et sacs, les avalant volontiers, au péril de leur vie; en effet, en se recouvrant d’algues et de bactéries, ces épaves émettent un fumet que les tortues détectent à l’odorat et confondent avec leur nourriture.

C’est ce que révèlent les travaux d’une équipe multidisciplinaire états-unienne qui a voulu prouver un des mécanismes expliquant l’attrait de la tortue caouanne envers ce genre de résidus. En soufflant à la surface d’un aquarium de l’air exposé à de la véritable nourriture ou à une bouteille de plastique ayant passé cinq semaines en mer, les chercheurs ont remarqué qu’une tortue émergeait fréquemment afin de humer l’atmosphère tout en s’activant à trouver la source de l’odeur. Par contre, de l’air exposé à de l’eau désionisée ou à une bouteille similaire n’ayant jamais été en contact avec le milieu marin ne causait aucun effet notable sur le chélonien. L’équipe a conclu que les amas de plastique exercent une attraction olfactive, et non uniquement visuelle, nuisible à la faune marine.

Source: Current Biology, mars 2020
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