Un poisson en marche

Le poisson à tête de serpent du Nord (Channa argus), une espèce envahissante originaire d’Asie, est établi depuis longtemps dans le réseau hydrographique de l’est des États-Unis. Bien que l’espèce soit absente au Québec, les autorités sont sur leur garde, car elle pourrait surgir dans les Grands Lacs d’ici peu. C’est que ce poisson a plus d’un tour dans son sac pour conquérir de nouveaux territoires : capable de rester jusqu’à 20 heures hors de l’eau, il se déplace au sol avec une aisance remarquable. Dans le but de mieux comprendre ce qui pousse cet envahisseur à déambuler sur le sol, des chercheurs du Maryland et de la Caroline du Nord ont soumis plusieurs spécimens à différentes conditions aquatiques représentatives de cours d’eau pollués, en voie de dégradation ou en santé.

Que l’eau soit pauvre en oxygène, alcaline (pH 9,8), fortement contaminée au sulfure d’hydrogène, opaque, à une température de 40°C ou surpeuplée d’individus, le poisson préfère y demeurer submergé. Or que l’eau devienne acide (pH 4,8), riche en gaz carbonique ou salée, et le voilà qui sort respirer l’air sur la terre ferme où il peut atteindre une vitesse de 16 cm/s sur gazon. Bien que de telles conditions d’insalubrité ne constituent pas la norme, les scientifiques recommandent néanmoins que tout plan de surveillance de ce poisson amphibien tienne compte de la qualité  del’eau où  il vit étant donné son habileté à cheminer sur le sol pour, qui sait… trouver un nouvel habitat?

Source : Integrative Organismal Biology, octobre 2019

Crédit photo: Wikipédia