Le mystère des martres de l’Isle Royale
Il y a longtemps, l’Isle Royale, située au nord du lac Supérieur, était l’hôte de nombreux mammifères : loups, lynx, caribous… Malheureusement, la chasse intensive a éradiqué plusieurs de ces espèces. Devenue parc national états-unien en 1931, l’île n’a pas pour autant retrouvé sa faune ancestrale, qui la boude encore malgré les ponts de glace qui se forment certains hivers, reliant sa côte au littoral ontarien. Or, la martre d’Amérique semble avoir reconquis son statut d’insulaire. Après 75 ans d’absence, elle a été de nouveau aperçue en 1993 et conserve depuis sur l’île une modeste population. S’appuyant sur ce constat, les biologistes n’ont cessé de spéculer sur l’origine de ces individus. S’agit-il de descendants d’un petit groupe qui aurait échappé aux regards durant toutes ces années? du résultat d’une prétendue réintroduction par le service américain de la faune en 1966? d’un repeuplement naturel par des martres arrivées des côtes avoisinantes? Des chercheurs de l’Université du Wisconsin et du parc national de l’Isle Royale croient toutefois avoir résolu l’énigme. Grâce à une étude génétique des différentes populations de martres habitant le pourtour du lac Supérieur, ils affirment que celle actuellement présente sur l’île tirerait son origine d’individus venus de l’Ontario au début des années 1990. Bien que cette conclusion soit porteuse d’espoir pour d’autres espèces, les spécialistes précisent cependant que la glace se faisant rare sur le lac en raison du réchauffement climatique, il ne faut plus trop compter sur ces échanges avec les rivages adjacents.
Crédit photo : Marc Lapointe