On ne passe pas! Mais si, on passe…

Quand un grain de pollen se pose sur la fleur à féconder, le sperme qu’il contient est encore loin du but. Dépendant de l’anatomie de la plante, l’ovule au fond du pistil peut se trouver à plusieurs centimètres, et le chemin pour s’y rendre est encombré de tissus cellulaires. Qu’à cela ne tienne, le grain possède l’outil parfait pour guider le sperme à travers ces embûches : il synthétise un tube qui croît à une vitesse vertigineuse – de 1 à 2 cm à l’heure, la plus rapide croissance cellulaire du monde végétal – afin d’atteindre l’ovaire, et le sperme circule dans ce tube vers l’ovule à fertiliser. Une telle poussée génère assurément une pression considérable. C’est ce qu’a voulu mesurer une équipe conjointe des universités McGill, Concordia et de Montréal. En utilisant la microfluidique, une technique d’étude des écoulements de fluides à l’intérieur de microsystèmes artificiels, les scientifiques ont conçu un appareil ingénieux afin de déterminer la force exercée par la croissance du tube pollinique sur un levier en porte-à-faux. Anja Geitmann, chef de l’équipe, explique : « Nous avons découvert que la pression imposée par ce minuscule tube est équivalente à celle de l’air dans un pneu de voiture, environ 120 kPa. De plus, à la rencontre d’obstacles, le tube modifie sa trajectoire de croissance, ce qui laisse supposer qu’il est apte à répondre à la résistance physique de son environnement immédiat. » Cette approche promet des avancées pour l’étude d’autres phénomènes mécanobiologiques.

Source : Technology, septembre 2018