Les lemmings et le stress

Petit rongeur du Grand Nord canadien, le lemming brun (Lemmus trimucronatus) fait face à maints dangers, lui qui se trouve à la base du régime alimentaire de nombreux prédateurs tels le renard arctique, l’hermine et le harfang des neiges. On pourrait croire que, à l’instar de plusieurs autres espèces soumises à ce stress constant, il préfère consacrer son énergie à sa propre survie plutôt que de l’investir à rechercher un partenaire pour s’accoupler. Pourtant, une récente étude réalisée par une équipe multiuniversitaire du Centre d’études Nordiques suggère une conclusion opposée. En mesurant dans les excréments du rongeur le niveau de métabolites de la corticostérone, une hormone reliée à la réponse au stress, les chercheurs ont montré que si les lemmings soumis à la prédation produisaient 1,6 fois plus de ces métabolites que les lemmings confinés dans des enclos protecteurs, cela ne nuisait ni à l’accouplement ni à la fertilité. « Ces résultats sont importants, car ils ne supportent pas l’hypothèse de la suppression de la reproduction par le stress causé par les prédateurs », explique Dominique Fauteux, l’auteur principal de cette étude. Ses collègues et lui pensent que les espèces qui sont à la fois hautement vulnérables et dépendantes d’un taux rapide de croissance de leur population pourraient favoriser la reproduction à d’autres mécanismes de survie.

Source : Oecologia, avril 2018

Crédit photo: Dominique Fauteux