Un mur controversé

Le projet de mur à la limite des territoires des États-Unis et du Mexique ne laisse personne indifférent. Si plusieurs doutent qu’il empêchera les immigrants de traverser la frontière illégalement, les biologistes sont quant à eux convaincus qu’il contrariera les échanges biologiques dans les fragiles écosystèmes de cette région. Dans une lettre à la revue Frontiers in Ecology and the Environment, des scientifiques Texans dressent une première ébauche des espèces floristiques et fauniques qui pourraient souffrir de la construction d’un tel mur. Ces experts estiment que chaque kilomètre du mur détruira jusqu’à 20 ha de terrain. Pire encore, ces terres de propriété fédérale peuvent être transformées sans mécanisme légal élaboré. Ce sont les plaines de broussailles épineuses dans le sud-est du Texas qui préoccupent le plus les biologistes. La fleur sauvage Physaria thamnophila et l’ocelot (Leopardus pardalis), déjà sur la liste des espèces en danger, dependent étroitement de cet écosystème. La situation est aussi inquiétante dans l’ouest du Texas, le long du Rio Grande, où une population menacée de cactus, Coryphantha ramillosa, se trouve directement sur le passage du mur. Les insectes, en particulier les pollinisateurs volant à basse altitude, sont également à risque. Cette fragmentation de l’habitat de part et d’autre de la frontière alarme les spécialistes; malgré de petites ouvertures planifiées ici et là, bien des espèces, isolées physiquement et génétiquement, péricliteront. Des études d’impact environnemental sont instamment réclamées afin de mieux saisir les effets néfastes de cet immense obstacle.

Source : Frontiers in Ecology and the Environment, mars 2018