Castor et pergélisol

Après trois siècles d’une chasse effrénée qui l’a presque extirpé du continent nord-américain, le castor est de retour. Recouvrant ses droits ancestraux dans la plupart des régions, le voilà maintenant qui colonise la toundra au-delà de la limite des arbres. En effet, depuis quelques années, des chasseurs inuvialuits et des chercheurs yukonnais menés par le professeur Thomas Jung l’observent dans la plaine côtière de la mer de Beaufort, un endroit accessible aux castors depuis que le territoire s’est réchauffé et que les arbustes prolifèrent. Les  à ses digues qui génèrent de nouveaux habitats humides, l’envers de la médaille est plutôt inquiétant.

Ainsi, des chercheurs de l’Université de l’Alaska estiment que le réaménagement de la toundra par les castors accélérera la fonte du pergélisol. En effet, en créant de nombreux étangs et petits cours d’eau, le rongeur fait fondre involontairement le pergélisol sous-jacent, causant du coup l’échappement de gaz à effet de serre. Conséquence insidieuse du réchauffement planétaire, l’industrieux castor s’adjoint ipso facto à l’activité humaine en tant que cause directe des changements climatiques.

Crédit photo: Jay Frandsen (Parcs Canada)