Des nouvelles de la rainette faux-grillon

La rainette faux-grillon (Pseudacris triseriata) est une minuscule grenouille mesurant 2,5 cm de longueur et pesant environ 1 g. Comme tous les autres anoures du Québec (grenouilles, rainettes et crapauds), cette espèce est inféodée à la présence d’étangs, de mares et de champs inondés, là où les œufs minuscules deviendront de jolis têtards foncés vers le début de mai. Le succès reproducteur de cette espèce est crucial entre autres parce qu’elle ne vit qu’une, deux ou tout au plus, trois années. Elle se retrouve uniquement dans l’extrême sud du Québec et de l’Ontario, entre autres à La Prairie, Longueuil et l’Île-Perrot. À peine la neige fondue, les mâles tentent d’attirer les femelles au moyen de leur chant ascendant qui peut ressembler au son d’un ongle passant le long des dents d’un peigne. Quel spectacle sonore puissant pour un aussi petit animal ! Le boisé Du Tremblay à Longueuil est un des endroits tout près de Montréal où se retrouver aux premières loges du grand concert. Malheureusement, ce concert se fait plus discret d’année en année. En effet, la rainette faux-grillon est devenue l’un de nos amphibiens les plus menacés sur notre territoire. Entre autres raisons, la perte d’habitats; lorsque les milieux humides propices ne sont pas littéralement détruits à des fins de construction domiciliaire, leur assèchement, ou à l’inverse leur ennoiement s’avère tout aussi dommageable.

Afin de faire un suivi des dix grandes populations restantes au Québec et quelques autres petites, des organismes tels que Ciel et Terre effectuent des inventaires annuellement. La saison de reproduction cessant début mai, c’est à ce moment que les biologistes et que les herpétologistes sont en mesure de dresser un portrait de notre fragile animal. Excellente nouvelle cette année, notre protégée semble avoir augmenté ses effectifs! Cela ne s’était pas vu depuis des années. Les pluies printanières aidant, les efforts de conservation continuant, il ne nous reste qu’à espérer que les cohortes 2018 puissent se développer de façon pérenne.

Crédit photo: Patrick R. Bourgeois