Les villes ont un effet sur l’évolution des espèces
Nous n’avons que bien peu de connaissances sur les mécanismes de l’évolution à l’œuvre au cœur des grandes cités. Pourtant, des centaines d’espèces partagent ce type d’habitat avec les humains depuis des décennies, voire des siècles : le pigeon biset, les rongueurs, les moustiques, etc. Au terme de leur article, publié dans Science récemment, les chercheurs Marc Johnson, de l’Université de Toronto, et Jason Munshi-South, de l’Université Fordham (État de New York), concluent que l’urbanisation est désormais le plus puissant moteur évolutif sur la planète. Ils citent comme exemple la récente explosion démographique des populations de punaises de lit. Plutôt rares voilà à peine deux décennies, elles se trouvent aujourd’hui partout, dans toutes les grandes villes de la planète.
Traditionnellement, on considère l’évolution comme un processus lent, se déroulant sur des centaines d’années. Mais l’accélération de l’urbanisation et l’influence croissante des cités sur la vie sauvage ont des effets profonds sur l’adaptation des espèces à ce nouvel environnement. Par exemple, plusieurs populations de souris à pattes blanches, isolées au sein des différents parcs de la ville de New York, sont désormais génétiquement séparées les unes des autres. Et des moustiques présents dans le métro de Londres, qui vivent en prélevant leur dose de sang sur les voyageurs des différentes lignes, n’entrent plus en tordeur durant la saison froide, isolés qu’ils sont du monde extérieur. «Les gens qui ne croient toujours pas au concept de l’évolution n’ont maintenant plus qu’à se tourner dans leur cour arrière pour admirer la sélection naturelle à l’œuvre», de conclure Marc Johnson.