Moi et ma corneille
Depuis que la neige a fondu sur le toit, une corneille a pris l’habitude de venir se percher sur un segment – toujours le même – de mes gouttières et d’y fouiller avec son bec. Je l’entends picosser de l’intérieur de la maison, comme si un pic-bois s’acharnait après la toiture. Craignant qu’elle fasse des dommages ou me prépare quelque tour de sa façon, je sors sur le perron pour la faire fuir. Au début, elle déguerpissait dès que je me montrais le bout du nez, mais maintenant – il fallait bien que je m’y attende de cet intelligent oiseau –, elle me toise un instant, ayant compris que je ne peux m’approcher, et se remet à sonder le contenu de la dalle, faisant fi de mes simagrées et semonces. J’ai la ferme intention de grimper sur le toit dès que je pourrai sortir mon échelle; je suis fort curieux de savoir ce qui l’attire dans ce coin particulier. Un fromage peut-être?
Pierre Bonneau est rédacteur en chef au magazine Nature sauvage
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