Autoroutes pour bactéries

Nous connaissons depuis longtemps les échanges entre arbres et champignons, mais voilà qu’une étude récente révèle des associations entre champignons et bactéries. Un champignon que nous voyons émerger sur le sol de la forêt n’est en réalité que « le fruit » de la totalité de l’organisme fongique. Son mycélium – minces filaments qui parcourent de longues distances sous la surface – compose la majeure partie d’un champignon. Les professeurs Norio Takeshita et Nozomu Obana de l’Université Tsukuba au Japon ont récemment documenté le déplacement des bactéries sur le mycélium des champignons, ces derniers devenant une sorte « d’autoroute » permettant aux bactéries de conquérir de nouveaux territoires. Toutefois, cette autoroute n’est pas gratuite, et le champignon exige une redevance au « poste de péage ». Quel en est le prix? De la thiamine! Aussi appelée vitamine B1, la thiamine est essentielle au fonctionnement de la plupart des êtres vivants. Rare dans la nature, la thiamine peut toutefois être synthétisée par les êtres eux-mêmes, moyennant un coût métabolique. Afin d’économiser ce coût, le champignon exige un peu de thiamine à la bactérie. La monnaie d’échange en vaut la chandelle. Le champignon effectue le plus gros du travail de défrichage sur de nouveaux territoires. Le champignon est pleinement en mesure de fabriquer cette vitamine de façon autonome, mais l’énergie épargnée lui servira à produire peut-être plus de mycélium… ce dont la bactérie bénéficiera en fin de compte. Un échange gagnant pour les deux parties!

 

Pour en savoir plus :

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/09/200924114128.htm

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