Chardon de Mingan; sauvetage au long cours.

Juillet 1924. Au sortir d’un canot, le frère Rolland-Germain et le frère Marie-Victorin, s’accroupissent devant une belle inconnue que ce dernier baptisera le Chardon de Mingan. Les écrits racontent qu’il aurait alors éprouvé une des plus puissantes émotions de sa vie. Depuis, Cirsium scariosum var. scariosum – une de nos belles vivaces du Golfe du Saint-Laurent – est devenu le symbole de la préservation de la biodiversité en Minganie. Cette espèce aujourd’hui menacée, est pour ainsi dire, « seule sur son île ». Ailleurs au Canada, seules quelques praires alpines en Colombie-Britannique et en Alberta hébergent de petites populations. Poussant sur les berges rudoyées par l’eau salée, les changements climatiques sont pointés du doigt : la banquise hivernale s’amenuisant d’année en année, les tempêtes arrachent prématurément les langues d’écotone préférées par la plante. De plus, des monticules anormaux de débris s’amoncelant sur les plants, ces derniers sont parfois enterrés vivants. Exigeant en moyenne une décennie pour fleurir et ne fleurissant qu’une seule fois pour mourir ensuite, autant dire que c’est David contre Goliath. Heureusement, Parcs Canada s’est associé avec plusieurs botanistes de renom, dont des chercheurs et spécialistes d’Espace pour la vie. Parmi eux, Nancy Dénommée, Andrée Nault et Stéphane Dumas mettent leur expertise à contribution et travaillent sans relâche afin d’assurer la reproduction supervisée dans le but de constituer une banque de graines. Ces semences pourront éventuellement être retournées dans leur habitat naturel, à quelques endroits un peu mieux protégés des menaces imminentes. Si à une époque le frère Marie-Victorin s’est déplacé à la rencontre de ce Golfien qu’est le Chardon de Mingan, c’est aujourd’hui les descendants de cette même espèce qui se retrouvent en pépinière, dans les lieux de prédilection du frère.

Pour plus de renseignements :

https://m.espacepourlavie.ca/blogue/sauvetage-d-un-embleme-le-chardon-de-mingan

crédit photo : Andrée Nault