Le bruit du trafic nuit aux rainettes
On savait déjà que l’exposition à des niveaux élevés de pollution sonore a des effets importants chez les citadins. Mais voilà qu’une équipe de recherche révèle que certaines espèces animales sont tout aussi affectées par le bruit que les humains.
Dans le but de mesurer chez les animaux les conséquences d’une exposition prolongée aux bruits engendrés par la circulation automobile, des scientifiques européens ont fait entendre des enregistrements de trafic à des rainettes du genre Hyla – on trouve au Québec une espèce du même genre, la rainette versicolore (H. versicolor). Les résultats de leur expérimentation montrent que l’exposition à de tels bruits fait augmenter le niveau de l’hormone du stress chez ces animaux, provoquant en parallèle une baisse d’efficacité du système immunitaire. En outre, la simulation sonore a eu aussi pour effet de décolorer partiellement le sac vocal des mâles (la membrane de peau qui se tend lorsque le mâle courtise d’éventuelles partenaires pour se reproduire). Détail insignifiant ? Bien sûr que non : en période de reproduction, un sac de couleurs vives attire davantage les femelles, la coloration étant un signe externe de la bonne condition physique du mâle. Ainsi, comparativement aux mâles qui n’avaient pas subi les effets sonores de l’expérimentation, ceux exposés aux bruits du trafic étaient moins attirants pour les femelles. «Notre étude suggère, concluent les chercheurs, que l’augmentation des bruits de l’urbanisation à l’échelle mondiale a un effet profond sur les populations sauvages, et possiblement dans plusieurs classes animales.»
L’étude, publiée dans la revue scientifique Conservation Biology en octobre 2017, a été réalisée par une équipe de chercheurs français sous la direction de Mathieu Troïanowski.