Les écureuils classent leur butin
Comme des enfants revenant de leur collecte de bonbons le soir de l’Halloween, certaines espèces d’écureuils organisent le fruit de leurs collectes par variété et, possiblement, par préférence.
Ce sont les étonnantes constatations faites par deux chercheurs de l’université Berkeley en Californie, Mikel Delgado et Lucia Jacobs, après que ceux-ci eurent étudié les comportements de récolte et de cache de l’écureuil fauve, Sciurus niger, une espèce du centre et du sud-est de l’Amérique du Nord – proche parente de l’écureuil gris.
L’étude, publiée en septembre dernier dans le journal Royal Society Open Science, est la première à mettre en évidence un tel comportement de classement, une stratégie cognitive propre aux humains et à certains autres animaux pour organiser une collection d’éléments en vue de mieux en gérer le contenu.
Pour arriver à tester leur hypothèse, les chercheurs ont suivi les stratégies spatiales de cache de 45 individus mâles et femelles dans différents îlots boisés du campus de l’université Berkeley, et ce, sur une période de deux ans.
L’écureuil fauve entreposerait ainsi entre 3000 et 10 000 noix et autres fruits durs par année, dans différentes caches, et ce, selon leur variété. Les chercheurs croient qu’en procédant ainsi, le rongeur peut retrouver plus aisément sa nourriture préférée, tout en la mettant davantage à l’abri d’une découverte fortuite par un voleur de butin.
L’écureuil fauve vient de s’installer récemment au Manitoba et en Saskatchewan. Il est possible que l’espèce s’implante aussi progressivement en Ontario à la faveur de conditions climatiques de plus en plus favorables, son aire de répartition dans l’est des États-Unis s’étalant actuellement jusqu’au sud des Grands Lacs. Une population introduite sur l’île Pelée (lac Érié), le point le plus au sud du Canada, se maintient d’ailleurs sur place depuis 1890.
DOI: 10.1098/rsos.170958