La pollution lumineuse nuit aux insectes butineurs
Une étude récente publiée dans la revue scientifique Nature révèle que les insectes butineurs ne sont pas au bout de leur peine. Décimés entre autres par la destruction des milieux naturels, l’agriculture intensive et l’utilisation de pesticides de plus en plus ciblés et efficaces, voilà qu’on découvre que l’éclairage artificiel met à mal ce groupe d’insectes.
La pollution lumineuse pourrait en effet représenter une menace supplémentaire pour les pollinisateurs.
Pour observer le comportement des pollinisateurs nocturnes (papillons et coléoptères) sous une lumière artificielle, une équipe de chercheurs de l’Institut d’écologie et d’évolution de l’Université de Berne (Suisse) et du Centre d’écologie et des sciences de la conservation de Paris a exposé des prairies, durant la nuit, à un éclairage factice.
Les scientifiques ont d’abord constaté que les plantes des sites illuminés connaissaient une baisse de 62% des visites de pollinisateurs, par rapport aux prairies vierges de pollution lumineuse. Puis, en s’intéressant plus spécifiquement à une plante en particulier, le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum), ils ont montré que sa production de fruits diminuait de 13%. Cela, alors même que cette plante recevait, durant la journée, un nombre inchangé de visites de pollinisateurs diurnes, comme des abeilles, des bourdons ou des mouches.
Selon les signataires de l’étude, la pollution lumineuse pourrait avoir des conséquences en cascade sur les écosystèmes terrestres. La lumière artificielle nocturne réduisant le succès reproducteur des plantes sur lesquelles les insectes viennent se nourrir nuitamment, ceci pourrait entraîner, par ricochet, une baisse des ressources alimentaires disponibles pour les insectes diurnes. «Les plantes et leurs pollinisateurs sont imbriqués dans des réseaux d’interactions complexes, où des perturbations peuvent se répercuter d’espèces en espèces», soulignent les chercheurs.
http://www.nature.com/nature/journal/v548/n7666/full/nature23288.html