Dure d’oreille les vieilles chouettes? Jamais !

Chouettes et hiboux conservent leur acuité auditive jusqu’à un âge très avancé. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés des chercheurs de l’université d’Oldenburg (Allemagne) en étudiant l’ouïe de spécimens d’effraies des clochers en captivité.

L’article scientifique qui en fait été, publié récemment dans Royal Society Proceedings B, révèle que, contrairement aux humains qui perdent progressivement une part de leurs capacités auditives en vieillissant, les strigidés (famille des chouettes et des hiboux) et les tytonidés (les effraies) maintiennent une ouïe aiguisée leur vie durant.

L’effraie des clochers, Tyto alba, est une chouette présente sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. C’est l’espèce de strigidés la plus répandue, bien qu’en Amérique du Nord, elle ne soit guère commune. Les sept spécimens utilisés pour l’expérience ont été entraînés par stimulation sonore à voler d’un perchoir à un autre pour cueillir de la nourriture. Les plus vieux individus du groupe, âgés de 13 ans et plus, ont répondu aux stimuli aussi bien que les autres.  Ce fut aussi le cas pour une chouette de 23 ans (un âge vénérable pour cette espèce).

Selon Georg Klump, un des scientifiques signataires de l’article, les tissus des cellules sensorielles de l’oreille interne de ces oiseaux peuvent se régénérer. Chez les rapaces nocturnes, et la plupart des autres espèces aviaires semble-t-il, les dommages à l’oreille ne seraient donc pas irréversibles.

Comprendre comment les strigidés conservent leur vie durant la même acuité auditive pourrait permettre de développer de meilleurs traitements pour aider les humains à maintenir une ouïe fine jusqu’en fin de vie. À l’exemple d’autres mammifères, le grand âge chez Homo sapiens s’accompagne d’une perte de sensibilité auditive pouvant aller jusqu’à 30 db dans les hautes fréquences.  Des recherches se poursuivent dans d’autres laboratoires universitaires afin de mieux cerner les différences entre l’ouïe des oiseaux et celles des mammifères.

http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/284/1863/20171584