Oyez! Oyez!
Cette année, le printemps a pris bien son temps avant de s’installer définitivement. Je ne veux pas me vanter, mais je compte sur trois indices infaillibles qui me confirment toujours son arrivée.
Le premier concerne mon lac. Lorsqu’il cale, ça sent la fin de l’hiver. Et d’année en année, quelque soit la rigueur de l’hiver précédent, la glace disparait à peu près à la même date. Depuis 2012, ce petit caprice de la nature s’est toujours déroulé entre le 24 et le 27 avril.
Le deuxième indice vous le connaissez peut-être; quand la neige a complètement disparu et que l’herbe n’est pas encore verte, je vois débouler tout près de mon abri à bois une belle grosse boule de poils. Je fais toujours un saut, elle aussi d’ailleurs. Je ne sais pas si elle voit son ombre, mais sa bouille sympathique me fait sourire. Et quand elle se dresse sur ses pattes arrières, elle a fière allure ma marmotte. En tout cas beaucoup plus que sur l’autoroute 15 !
Mon dernier indice est le plus sûr. Quand je travaille autour de la maison et que, soudainement, un champion poids plume tourbillonne autour de moi, se déplace dans toutes les directions, s’arrête et repart brusquement comme un mini-hélicoptère, je sais qui est là. C’est le colibri à gorge rubis qui veut me signaler qu’il a terminé sa longue migration et qu’il est temps pour moi d’installer son abreuvoir. Et si je tarde le moindrement, le bizzzzz bizzzzz s’intensifie. C’est tout juste s’il ne m’indique pas l’endroit où le suspendre. Aussitôt installé, il le prend d’assaut. Ça me fascine à chaque fois. Il est parti d’Amérique Centrale, a parcouru entre 650 à 800 kilomètres par jour et il a retrouvé son minuscule abreuvoir chez l’éditeur de Nature sauvage.
Pierre Hamel est éditeur de Nature sauvage