Une histoire de pêche
La pêche à l’anguille est pratiquée depuis des siècles dans le fleuve Saint-Laurent. Son abondance et ses qualités nutritionnelles faisaient de ce poisson une ressource essentielle pour les peuples autochtones dans le contexte des rudes hivers canadiens.
En effet, sa chair pouvait être conservée plusieurs mois après l’avoir fumée, et sa peau était utilisée comme cuir. La pêche était réalisée durant les mois de septembre et octobre à l’aide de murets permettant de rassembler les anguilles à un même endroit ainsi que du nigogue, un harpon adapté à ce poisson autrement insaisissable. Grâce aux échanges entre les premiers colons européens et les autochtones, la pêche à l’anguille s’est améliorée pour devenir plus efficace. La popularité de ce poisson étant grandissante, des centaines de tonnes d’anguilles furent pêchées annuellement dans le fleuve Saint-Laurent au cours du 20ième siècle avec une grande partie de celles-ci étant exportée vers l’Europe. À partir du début des années 1990, une combinaison de facteurs, dont des modifications à son habitat a entrainé un important déclin des populations d’anguille au Québec. À la suite de ce triste constat, plusieurs propositions de rachat de permis de pêche à l’anguille ont lieu comme celui de 2009 initié par le Ministère de la Faune des Forêts et des Parcs (MFFP) pour favoriser la conservation de cette espèce. C’est ainsi que les deux tiers des pêcheurs ont choisi de se retirer de l’activité. En 2016, il n’y avait plus que 8 pêcheurs actifs au Québec. Aujourd’hui, les anguilles pêchées sont principalement vendues au Québec et en Ontario.
Crédit texte et photo: Carole Govin, Université du Québec à Rimouski